CONSEIL DE LECTURE
Aucun changement social réel n’a été engendré sans une révolution... une révolution n'est qu'une pensée portée à l’action. (Emma Goldman)

L'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde disait Nelson Mandela.
L’éducation est un droit pour chacun(e) d’entre nous.
L’éducation devrait être une priorité pour promouvoir le développement de la lutte révolutionnaire, malheureusement le monde dans lequel nous vivons fait tous pour nous éduquer et non nous instruire.
C'est pour cette raison que nous vous avons sélectionné des conseils de lecture d'œuvres divers et variés.
Que se soit des ouvrages "classiques", "contemporains" ou "actuels", l'instruction nous permet de s'ouvrir sur des pensés, des théories ou encore des méthodes d'actions pour parvenir enfin à faire évoluer ou à changer le monde capitaliste dans lequel nous vivons. Dans cette sélection d'ouvrages, on peut comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là.
Les Classiques

Du contrat social
Jean Jacques Rousseau
Paru en 1762, le Contrat social, en affirmant le principe de souveraineté du peuple, a constitué un tournant décisif pour la modernité et s’est imposé comme un des textes majeurs de la philosophie politique. Il a aussi acquis le statut de monument, plus célèbre que connu, plus révéré – ou honni – qu’interrogé. Retrouver, dans les formules fameuses et les pages d’anthologie, le mouvement de la réflexion et les questions vives qui nourrissent une œuvre beaucoup plus problématique qu’affirmative, c’est découvrir une pensée qui se tient au plus près des préoccupations d’aujourd’hui : comment intégrer les intérêts de tous dans la détermination de l’intérêt commun ? Comment lutter contre la pente de tout gouvernement à déposséder les citoyens de la souveraineté ? Comment former en chacun ce sentiment d’obligation sans lequel le lien social se défait ?

Instructions pour une prise d'armes
Auguste Blanqui
Communiste et révolutionnaire français (1805-1881) dont la devise était : " Le devoir d'un révolutionnaire, c'est la lutte toujours, la lutte quand même, la lutte jusqu'à extinction. " Il fut fidèle à cette devise. Il fait le coup de feu en juillet 1830, encore en mai 1839, participe à la révolution de février 1848. Il peut entendre les fusillades des journées de juin enfermé dans la forteresse de Vincennes. Lors de la Commune il est en prison. Il passera d'ailleurs selon les calculs précis d'un biographe trente-trois ans, sept mois et seize jours en prison, sans compter la résidence forcée, la haute surveillance et l'exil. Il y gagnera le surnom de " L'enfermé ". En 1868-69 il rédige ces Instructions pour une prise d'armes qui ne seront publiées pour la première fois qu'en 1930. Il s'agit d'un manuel de la barricade, d'un précis, un vademecum de l'insurrection. Les villes, et Paris en particulier, sont des champs de bataille. " Ce programme est purement militaire et laisse entièrement de côté la question politique et sociale... "

Qu'est-ce que la propriété
Pierre-Joseph Proudhon
Ce texte, publié en 1840, rendit célèbre Pierre-Joseph Proudhon grâce à une impérissable formule : « La propriété, c’est le vol. » Pour Proudhon, le capitalisme est l’apothéose d’une extorsion invisible.
Le rassemblement productif des travailleurs dégage une force collective supérieure à la somme des forces de ces travailleurs pris isolément. Or la propriété privée des moyens de production autorise le capitaliste à rémunérer le travailleur sur la seule base individuelle de ce qu’il aurait produit s’il avait été placé hors de la force collective de production. Le propriétaire du capital empoche la différence ; ce surplus est le profit capitaliste, que Proudhon appelle l’aubaine.
Toute la question économique de la justice est de répartir cette plus-value sans accaparement ni spoliation. En notre temps de crise
du capitalisme, est-il question plus urgente ?
La lecture du texte provocateur de Proudhon nous en prouve l’actualité. Saurons-nous y répondre mieux que lui ?

Le Capital
Karl Marx
Marx a consacré plus de 20 ans de sa vie à l'écriture de cette œuvre, mais n’en a achevé qu’une partie : le premier livre, publié en 1867, consacré au développement de la production capitaliste. Des brouillons de Marx ont été utilisés par Friedrich Engels pour publier les « livres 2 et 3 », en 1885 et 1894. Les ébauches de Marx consacrées à l'histoire des doctrines économiques ont été publiées par le socialiste allemand Karl Kautsky dans l'ouvrage Les Théories de la plus-value (4 vol., 1905-1910).
C'est en observant l'industrie britannique contemporaine et ses conditions de travail ainsi qu'en s'appuyant sur les précédents théoriciens de l'économie politique (tels que David Ricardo ou Adam Smith) et en les critiquant que Marx entend démontrer la nature réelle du capitalisme, et mettre l'accent sur les contradictions internes de ce système.
L'auteur considérait lui-même son ouvrage comme étant « certainement le plus redoutable missile qui ait été lancé à la tête de la bourgeoisie ».

NI DIEU NI MAITRE
Auguste Blanqui
"NI DIEU NI MAÎTRE": quatre mots qui grondent comme l'orage dans l'histoire des révolutions et de la révolte. Le sait-on encore? C'est l'indomptable Auguste Blanqui qui lança cette formule à la gueule des puissants avant de créer le journal du même nom. Quelle est l'origine de cette formule? Que signifiait-elle à l'origine? Maurice Dommanget, dans son introduction, revient sur la genèse de ce (jamais assez) célèbre slogan. Blanqui croyait que la révolution sociale ne se préparait pas sans passer par la critique de la religion. D'où ce remarquable choix de textes où Blanqui étale magistralement toute sa pensée anticléricale.

ETATISME ET ANARCHIE
Bakounine Michel
Le socialisme libertaire opposé au socialisme d'état. Nous nous déclarons ennemis de tout pouvoir d'État, de tout gouvernement, ennemis du système étatique en général ; et nous pensons que le peuple ne pourra être heureux et libre que lorsque, s'organisant de bas en haut, au moyen d'associations autonomes et entièrement libres [...], il créera lui-même sa vie.

L'unique et sa propriété
Max Stirner
« L’Unique et sa propriété » est un essai philosophique de Max Stirner paru en 1844. L’Unique est une œuvre à part ; « Bible » des libertariens, des individualistes et des anarchistes, « L’Unique... » fait partie de ces grands textes du Dix-Neuvième siècle qui transformèrent les idées et la morale, comme « Par delà le Bien et le Mal », ou « Ainsi parlait Zarathoustra ». Mais si les textes de Nietzsche frappent par leur poésie, mettent en scène une déconstruction de la morale ambiante, L’Unique et sa propriété est une entreprise de démolition des institutions, principalement la Religion, et l’Etat. De plus, Stirner est le premier à mettre en avant une théorie fascinante et qui selon Les Editions de Londres est indispensable pour comprendre le monde occidental en crise au Vingt et unième siècle : « La religion de l’Etat n’est que la dernière métamorphose de la religion chrétienne. ». Traduit par Henri Lasvignes, avec une postface de Henri Lasvignes, une préface et une biographie originale des Editions de Londres, L’Unique et sa propriété est un des plus grands textes de la philosophie occidentale.

Errico Malatesta
« Le discours solidaire des puissants n'est qu'un leurre, puisqu'en réalité ils comptent bien davantage sur l'égoïsme et l'isolement des individus pour asseoir leur pouvoir. Le xxe siècle a été l'occasion de faire croire aux populations du monde, et en premier lieu à celles des pays industrialisés, que le "chacun pour soi" était la voie unique de la réussite. Le capitalisme [...] a conduit à des aberrations inédites en matière d'inégalités sociales, de concentration du pouvoir, d'endoctrinement des masses par la culture de la consommation, de pollution massive et critique de l'environnement. La solidarité dont nous avons besoin est bien différente de celle que nous offrent les gouvernants. Nous avons besoin d'une solidarité fondée sur l'aide mutuelle, sur le respect de l'égalité et de la liberté de toutes les femmes et de tous les hommes qui forment la société. La solidarité que nous propose Malatesta est la seule porteuse de progrès, de justice sociale et, en définitive, de liberté. » Serge Roy, extrait de la préface Inlassable activiste italien, plusieurs fois incarcéré, Errico Malatesta (1853-1932) a contribué à organiser et à développer le mouvement anarchiste italien et international.

L'entraide - Un facteur d'évolution Pierre Kropotkine
Pierre Kropotkine oppose l'entraide aux théories du darwinisme social sur la sélection naturelle. Selon Kropotkine, le darwinisme social retient principalement le critère de « la sélection naturelle par le plus fort » (Charles Darwin notait aussi l'importance de l'altruisme). Kropotkine critique cette conception restreinte de l'évolution de l'humanité, en posant en détail des exemples du facteur d'entraide dans l'évolution des espèces, dont l'espèce humaine, entre groupes humains et également entre les formes de sociétés (dites "modernes" ou "industrielles" et "barbares").
Dans la pratique de l'entraide, qui remonte aux plus lointains débuts de l'évolution, nous trouvons la source positive et certaine de nos conceptions éthiques : nous pouvons affirmer que, pour le progrès moral de l'homme, le grand facteur fut l'entraide et non pas la lutte.
Kropotkine s’insurge contre la vision réactionnaire et dangereuse de la vie en société où "l’homme est perçu comme un loup pour l’homme" qui est selon lui à la fois irréel et condamne à une vision de société cruelle.

La liberté ou rien
Emma Goldman
Née dans une famille juive en Lituanie en 1869 et morte à Toronto au Canada en 1940, Emma Goldman a surtout vécu et milité aux États-Unis. «La femme la plus dangereuse d’Amérique», selon l’ancien directeur du FBI J. Edgar Hoover, elle est une figure majeure de l’anarchisme et de la lutte du début du XXe siècle pour l’émancipation des femmes. Toute sa vie, elle fut une redoutable agitatrice et propagandiste anticapitaliste, anticléricale et antimilitariste. Regroupant le plus grand nombre de textes d’Emma Goldman traduits en français, cette anthologie compose un vibrant plaidoyer en faveur du syndicalisme révolutionnaire, de l’athéisme et de l’égalité entre les sexes, ainsi qu’une charge implacable contre le patriotisme et le puritanisme. Emma Goldman y prend entre autres la défense de la pédagogie anti-autoritaire de Francisco Ferrer, elle critique sévèrement le pouvoir bolchevique en Russie et s’en prend au système carcéral, preuve d’un échec social collectif. Ces textes ont une valeur historique et font écho à des préoccupations et des luttes d’aujourd’hui.

La commune
Louise Michel
En 1898, Louise Michel achève la rédaction de son histoire de la Commune : « Écrire ce livre, c’est revivre les jours terribles où la liberté nous frôlant de son aile s’envola de l’abattoir ; c’est rouvrir la fosse sanglante où, sous le dôme tragique de l’incendie, s’endormit la Commune belle pour ses noces avec la mort, les noces rouges du martyre. Dans cette grandeur terrible, pour son courage à l’heure suprême lui seront pardonnés les scrupules, les hésitations de son honnêteté profonde. »
Quelque vingt-cinq années après les événements, cette figure de la Commune de Paris n’a rien perdu de sa fougue. Dans ce récit passionné, elle raconte, jour par jour, les épisodes de ce drame qui lui valurent d’être emprisonnée puis déportée pendant près de dix ans en Nouvelle-Calédonie. La richesse et la précision de ses informations font de ce texte un document exceptionnel sur la Commune et ses acteurs. Ses qualités stylistiques et la force de son écriture élèvent ce témoignage émouvant au rang des grands classiques de notre littérature politique.

Mémoires et écrits 1917-1932
Nestor Makno
Sous l'impulsion de Makno, entre 1917 et 1921, le groupe communiste libertaire de Gouliaï-Polié prit la tête du formidable mouvement insurrectionnel paysan dont l'intervention contre les troupes d'occupation austro-allemandes, puis contre les armées blanches, infléchit de manière décisive le cours de la guerre civile russe. Mais l'épopée de la guerre des partisans ne constitue qu'un aspect de l'histoire de la Makhnovchtchina. Makhno et les siens se battaient pour un nouvel ordre social " où il n'y aurait ni esclavage ni mensonge, ni honte, ni divinités méprisables, ni chaînes, où l'on ne pourrait acheter ni l'amour ni l'espace, où il n'y aurait que la vérité et la sincérité des hommes ". Sur un territoire de deux millions et demi d'habitants affranchi de tout pouvoir d'État, ils formèrent des communes agraires autonomes dotées des organes d'une démocratie directe : soviets libres et comités de base. Les insurgés makhnovistes croyaient sauver la révolution russe et mondiale - car ils ne luttaient pas seulement pour leur compte - et s'aperçurent trop tard qu'ils faisaient le jeu de la dictature d'un Parti-État dont les objectifs s'opposaient radicalement aux leurs. Malentendu tragique, non seulement pour eux-mêmes mais pour le projet révolutionnaire du xxe siècle - jusqu'à nos jours.
Les Contemporains

AU-DELA DE LA RARETE
Murray Bookchin
Dans ce recueil de textes pionniers (1965-70) qui ont fait sa renommée, Murray Bookchin conjugue sa vision anarchiste et écologiste avec les possibilités prometteuses d’une société d’abondance. Une abondance envisagée non pas sous la forme d’un accès illimité à des biens de consommation pléthoriques, mais bien une par laquelle l’être humain a amplement les moyens de satisfaire ses besoins fondamentaux pour se consacrer à l’assouvissement de ses désirs réels.
S’attelant à esquisser les contours d’une telle société, Bookchin appelle à dépasser l’économie politique marxiste, enracinée dans une ère de pénurie matérielle et soumise aux logiques de la rareté économique. Si les avancées technologiques du XXe siècle ont grandement accru la production, cela s’est fait au profit d’intérêts corporatifs et aux dépens des besoins humains et de la soutenabilité écologique. Et si l’émancipation pouvait jadis sembler passer par un certain productivisme sous l’égide de structures autoritaires, aujourd’hui les outils nécessaires à une auto-organisation de la société ont largement été développés et, combinés avec la perspective écologique, ils ont grandement modifié le paysage révolutionnaire. Les sociétés postindustrielles ont en effet le potentiel de se muer en des sociétés d’abondance favorisant l’accomplissement des potentialités sociales et culturelles latentes dans les écotechnologies. Avant-gardiste, Bookchin défendait en ce sens les énergies renouvelables et des institutions décentralisées.

Pour une société écologique
Murray Bookchin
Ce livre présente les problèmes écologiques comme découlant principalement de problèmes sociaux, notamment des différentes formes de hiérarchie et de domination, et cherche à les régler à travers le modèle d’une société adaptée au développement humain et à la biosphère. C’est une théorie de l'écologie politique radicale basée sur le communalisme, qui s’oppose au système capitaliste actuel de production et de consommation. Elle vise la mise en place d’une société morale, décentralisée, solidaire, guidée par la raison.

QU'EST QUE L'ECOLOGIE SOCIALE ?
Murray Bookchin
Ce texte est la traduction du premier chapitre de l’ouvrage de Murray Bookchin , The Ecology of Freedom: the Emergence and Dissolution of Hierarchy, publié à en 1982.
Le projet d’écologie sociale s’appuie sur la conviction qu’aucun des problèmes écologiques ne sera résolu sans un profond changement social. Pas plus que l’écologiste benêt, enthousiasmé par la merveilleuse harmonie de la nature mais incapable d’appréhender l’homme social qui produit, l’économiste arrogant, pour qui les ressources humaines et naturelles ne sont que des forces productives, ne trouve grâce à ses yeux.
Le discours se veut d’emblée subversif afin de déranger l’ordre économique et politique responsable du saccage de la planète et de la désarticulation des rapports humains. Il perçoit très vite que l’évolution du capitalisme sera entravée par des contradictions internes mais aussi et surtout par des limites écologiques : « Quel que puisse être le destin du capitalisme en tant que système économique ayant des "limites internes", nous pouvons maintenant hautement affirmer qu’il a des limites externes, celle de l’écologie. »

POUR UN MUNICIPALISME LIBERTAIRE
Murray Bookchin
La pensée de l’écologiste libertaire Murray Bookchin, connaît un écho grandissant dans le monde politique. Un foisonnement éditorial entoure son œuvre que l’on redécouvre et traduit massivement. Depuis 2012, ses écrits alimentent aussi la révolution kurde du Rojava, au nord de la Syrie, où se dessine un modèle de société alliant multiculturalisme, démocratie directe et écologie. L’intellectuel étasunien, mort en 2006, semble désormais inspirer plusieurs des listes citoyennes qui se lancent dans le combat des élections municipales en France. Certaines d’entre elles se sont rencontrées fin janvier à Commercy (Meuse) pour poser les premiers jalons du municipalisme et réfléchir à une possible Confédération, baptisée « la Commune des communes ».

Depuis les montagnes du sud-est du Mexique
Ce livre n'est pas qu'un nouveau résumé des célèbres communiqués du polémique, mais indiscutablement célèbre, Sous-Commandant Marcos. Ici est regroupé un choix représentatif de ses écrits en tant qu'auteur de fiction et assimilateur de l'espagnol utilisé par une partie de nos autochtones. Il s'agit d'un élément externe qui filtre et influence, par le biais d'un langage qui lui est propre - et, donc, a sa propre façon de penser -, les us et coutumes locaux. Depuis le 1er janvier 1994, non seulement notre vie n'a-t-elle plus été la même, mais encore, les facettes du paysage, les pensées et les présences ont changé elles aussi. La validité de la parole zapatiste est donc incontestable, et nous n'avons que la prétention de publier ces textes en tant que témoignage. Le zapatisme n'est pas une nouvelle idéologie politique ou un réchauffé de vieilles idéologies. Le zapatisme n'est pas, il n'existe pas. Il ne sert que de pont pour nous aider à traverser d'un côté à l'autre. Par conséquent, le zapatisme est assez grand pour tout le monde, pour tous ceux qui veulent traverser d'un côté à l'autre. Chacun a son " un et l'autre " côté. Il n'y a pas ici de recettes, de lignes de conduite, de stratégies, de tactiques, de lois, de règlements ni de consignes universelles. Il n'y a dans tout ceci qu'un seul désir : bâtir un monde meilleur, c'est-à-dire un monde nouveau. En résumé, le zapatisme n'est à personne et, par conséquent, il appartient à tout le monde.

BRIGATE ROSSE Une Histoire Italienne
Au début des années 1990, Mario Moretti, principal dirigeant des Brigades rouges pendant les années 1970, est incarcéré à Milan. Il accorde alors un long entretien à deux célèbres journalistes italiennes, Caria Mosca et Rossana Rossanda, ancienne dirigeante du Parti communiste italien. Publié pour la première fois en France, ce témoignage unique restitue au plus près l'histoire italienne des années de plomb, la situation d'exception qui régnait alors, ainsi que le mouvement massif d'insubordination révolutionnaire qui secouait la péninsule transalpine. Tout au long de cette période, l'ordre existant semblait à chaque instant près de vaciller. De la formation politique des premiers brigadistes dans les usines milanaises à l'arrestation de Moretti, plus de dix années se sont écoulées. En 1978, les Brigades rouges ont organisé l'un des événements majeurs de l'histoire italienne contemporaine : Aldo Moro, chef de la Démocratie chrétienne, promoteur d'un " compromis historique " entre cette dernière et le Parti communiste, est enlevé et exécuté... par Moretti lui-même, qui le reconnaît ici pour la première fois. Tout au long de cette décennie, les Brigades rouges se sont évertuées, à travers la terrible radicalité du choix politique de la lutte armée, à combattre l'Etat, le capitalisme et l'exploitation, au nom de la liberté et de l'égalité. Sans compromis ni compromissions. Mais à quel prix ? A l'heure où le monde semble s'installer de nouveau durablement dans une ère de turbulences et où partout les Etats mettent en place des législations d'exception au nom de la lutte contre le terrorisme, il importe plus que jamais de revisiter l'histoire italienne des années de plomb.
Les Actuels

L'insurrection qui vient
Comité invisible
Rédigé par l’anonyme Comité Invisible, L’insurrection qui vient est souvent présenté comme un des manifestes de l’ultra-gauche française. Les passages sur l’usage de la violence et son rôle dans l’affaire Tarnac donnent à ce livre sa réputation
sulfureuse.
L’ouvrage se présente comme miroir des réalités sociales. Ses auteurs prétendent simplement « fixer des vérités nécessaires » (p. 12). Sept « cercles » se succèdent alors. Chacun de ces chapitres dénonce une des tares de la société actuelle : le culte du moi, la répression de la jeunesse, le travail, la métropole (comprendre l’hyper urbanisation), le système capitaliste mondialisé et la société de consommation, le capitalisme vert et enfin le bellicisme de la civilisation occidentale.
Le livre enchaîne ensuite avec quatre chapitres consacrés à l’action insurrectionnelle. À partir du constat dressé dans les « cercles », le Comité Invisible appelle à s’organiser et se révolter. L’alternative proposée ? Une structure sous forme de communes autonomes et autogérées. Pour accéder à ce projet de société communiste (et libertaire ?), le collectif dresse quelques grandes lignes du processus insurrectionnel à réaliser.
Cette démarche révolutionnaire doit d’abord passer par une multitude d’attaques du capitalisme et de l’État. Grands et petits méfaits sont les bienvenus !
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La domination policière
Mathieu Rigouste
La violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu’entre les brigades nord-africaines dans les bidonvilles de l’entre-deux-guerres et les brigades anti-criminalité (les BAC) dans les « cités » actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructurant. Il s’agit toujours de maintenir l’ordre chez les colonisés de l’intérieur, de contenir les territoires du socio-apartheid. Le développement des armes « non létales » – Flash-Ball, Taser… – propulse aussi une véritable industrie privée de la coercition. Rigouste montre comment l’expansion du marché international de la violence encadre la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l’intérieur des métropoles impériales.
Cette enquête, fondée sur l’observation des techniques et des pratiques d’encadrement et de ségrégation depuis ceux qui les subissent et les combattent, montre comment le pouvoir policier assure la reproduction des dominations capitalistes, racistes et patriarcales dans la France contemporaine.

HABITER EN LUTTE
collectif comm'un
Utopie réalisée pour certain·es, zone ingouvernable pour d’autres, la zad devenue dans les années 2000 « le plus grand squat à ciel ouvert d’Europe » reste un haut lieu symbolique pour de nombreuses luttes et particulièrement pour celles contre les grands projets inutiles et imposées par les aménageurs de tous poils. En faisant le récit de l’occupation et la réappropriation de ce bocage perçu par les politiques locales et nationales comme un « vide productif », le livre habiter en lutte cherche à dévoiler les multiples enseignements de cette résistance habitée et ouvrir les imaginaires qu’elle inspire.
En décrivant chronologiquement les transformations de ce bout de bocage et l’évolution de la lutte initialement dirigée contre la construction de l’aéroport puis élargie à « son monde », ce livre questionne le sens que prennent les manières particulières d‘habiter dans ce contexte. Espace d’expérimentations collectives mais aussi de cohabitations entre des modes de vies pouvant parfois paraître antagonistes, ce territoire a offert un terreau fertile à de nombreux imaginaires politiques. Il a permis de faire émerger un lieu où se déploient de nouvelles manières de vivre, de cultiver et de se soucier du vivant, où l’on cherche à s’autorganiser sur le temps long, à créer du commun et des solidarités fortes, à se tenir hors du monde uniquement marchand sans pour autant se replier sur soi-même.
Ce livre souhaite propager la singularité de cette expérience là où l’enchevêtrement de forêts et de grimpeurs venus d’ailleurs, des haies et de citadins devenus agriculteur·rices ou bergèr·es, de cabanes et de paysan·es, a fabriqué la lutte au quotidien.

La bataille du nucléaire
Andrea Fuori et Gaspard D'Allens
Un sarcophage gigantesque censé tenir des dizaines de milliers d’années ! C’est au nom de ce projet fou, qui serait le plus grand chantier d'Europe, que Bure, entre Meuse et Haute-Marne, se transforme en zone grillagée et quadrillée de gendarmes. Pour l'industrie nucléaire, ce territoire relégué serait l'exutoire ultime des déchets radioactifs qui s'accumulent et dont elle ne sait que faire.
Sur place, les habitants sont de plus en plus nombreux à s’insurger contre la transformation de leur région en « poubelle atomique». Depuis deux ans, des dizaines de personnes s'installent sur place, occupent une forêt, bloquent les travaux. La nouvelle bataille du nucléaire est lancée, pour empêcher de croire que cette industrie peut continuer sans risque, réinventer des manières de vivre et lutter, imaginer d'autres possibles pour ce pays.
Dans cette enquête où l’engagement vécu se mêle au regard journalistique, Gaspard d’Allens et Andrea Fuori n’écrivent pas un livre de plus sur le nucléaire, mais l’histoire en train de se vivre d’une rébellion déterminée contre la violence du monde industriel. Ils révèlent aussi les méthodes manipulatrices des nucléaristes, et la façon dont l’Etat achète les consciences pour imposer le silence. Le combat vaut d’être mené : ce récit impétueux et pourtant réfléchi convainc qu’il est possible de faire reculer les puissants.Plutôt que la contamination radioactive, parier sur la contagion joyeuse d’une force de résistance.

Gazer, mutiler, soumettre
Paul Rocher
Nuages lacrymogènes, grenades de désencerclement, LBD 40… Des ZADs aux campus, des quartiers populaires aux cortèges syndicaux, manifester en France expose aujourd’hui à la violence des armes non létales. Les forces de l’ordre dégainent à la moindre occasion et la liste des blessés et mutilés s’allonge de mois en mois. Que signale cette escalade ?
Face à ce qu’il perçoit comme une crise du maintien de l’ordre, l’État attise la brutalité de sa police en la dotant d’un arsenal militaire toujours plus puissant et fourni – au grand bonheur des marchands d’armes. Démontant la rhétorique humanitaire de ses défenseurs, Paul Rocher montre que le recours massif aux armes non létales est la marque d’un étatisme autoritaire de plus en plus intolérant à toute contestation dans une période de recul social majeur. Conçues comme des armes « défensives », elles forment dans la pratique l’artillerie de l’offensive néolibérale en cours, rappelant, à quiconque entreprend d’y résister, la nécessité de l’autodéfense populaire.

Vivre sans ?: Autorité, institution, économie.
Fréderic Lordon
Peut-on se passer de gouvernement, de justice, de lois et de tout ce qui veille à les appliquer ? Peut-on déserter l’économie, le travail, abolir la monnaie ? Peut-on se rendre, en somme, « ingouvernables », et vivre sans institutions qui ordonnent le collectif ? Alors que l’échec différé des expériences révolutionnaires et des tentatives réformistes laisse une grande partie de la gauche paralysée, que nos vies semblent plus que jamais saturées d’État et de capital, l’idée a le mérite de prendre la mesure de l’époque. Et son succès grandissant dans les cortèges de la jeunesse indique assez sa puissance d’attraction. Reste à vérifier si elle peut désigner une politique. Tel est le lieu du débat pour Frédéric Lordon qui entreprend, dans cette discussion, de mettre à jour les soubassements philosophiques des discours et de l’imaginaire du « vivre sans ». Il identifie ce faisant chez Deleuze, Rancière ou Badiou, les éléments d’une atmosphère intellectuelle propice à cet imaginaire, où la politique se fait rare, singulière, se cristallise dans le devenir ou dans l’Événement, devient affaire de « virtuoses » – empruntant des voies parallèles (éthique, esthétique) pour, finalement, échapper à la politique. Une « anti-politique », donc, dont on trouve l’expression la plus achevée dans la philosophie de la destitution d’Agamben, objet d’un long développement qui est aussi pour Lordon l’occasion de redéployer sa lecture de Spinoza. Pour Agamben, destituer n’est pas seulement abattre un pouvoir, c’est faire en sorte que rien ne prenne sa place… et donc que la puissance de la multitude se retienne. Impossible, répond Lordon : « la puissance de la multitude s’exerce nécessairement » et affecte les parties qui la composent. Parvenu à ce point de désaccord théorique, c’est tout l’horizon politique associé au « vivre sans », avec ses expérimentations concrètes, qui sont discutées. Un collectif peut-il se passer d’institutions ? Pas si on entend sous ce terme « toute manifestation de la puissance de la multitude ». La ZAD n’est-elle pas, sous cet aspect, une institution, avec ses normes, ses manières, sa justice ? Dès lors son existence ne donne pas tant la formule d’une « vie sans » que celle d’un gouvernement commun des conduites dictées par des affects joyeux – une forme de vie, soit une certaine configuration des institutions. Pour Lordon, au risque de malmener quelques illusions, c’est encore là la meilleure alternative à l’État du capital et à sa police.

La révolte des budgets contraints
Pierre Blavier
L’ouvrage est fondé sur une méthodologie plurielle ainsi que sur une dense collecte de matériaux. Il s’appuie tout d’abord sur une enquête participative quasi quotidienne réalisée du 17 novembre 2018 au 15 janvier 2019 sur plusieurs ronds-points d’un département rural du centre de la France. Composée d’observations, mais aussi d’entretiens formels et informels, cette enquête empirique est complétée par la passation de quatre-vingts questionnaires inspirés de l’enquête nationale3, le dépouillement de la presse régionale et nationale, le recensement des enquêtes par sondage, ainsi que la consultation de cinq-cents contributions aux cahiers citoyens mis en place.
4La première et plus longue des deux parties s’attache à décrire précisément cette action collective d’occupation des ronds-points sans précédent en France, et qui n’est coordonnée par aucune organisation (parti, syndicat, réseau associatif) – bien que l’auteur relève son enchevêtrement avec les mobilisations antérieures du milieu routier contre les 80 km/h et contre l’écotaxe associée aux portiques automatiques, celles des retraités contre la CSG, ainsi que les mobilisations sectorielles dans le soin, toutes nuançant « la spontanéité présumée des Gilets jaunes »

ROND-POINT DE SAINT AVOLD
Le rond-point de Saint-Avold, ville mosellane en Lorraine, est le véritable héros en gilet jaune de ce livre.
Fait de bouts de papier, de photos et de souvenirs rassemblés, il a été écrit à une centaine de mains. Dans l’esprit Gilet jaune, personne ne se met en avant, c’est le « nous » qui parle. Des points forts comme des points faibles, des défauts comme des qualités. On lira les espoirs et les déconvenues, les sympathies et les solidarités qui se nouent, on apprend et on comprend. Et on se met à imaginer : et si… Il y a un message politique fort dans cet ouvrage, mais chacun·e reste libre d’en tirer ses propres conclusions.
Une chose est sûre : l’humanité est l’encre de ce récit, celle qui devrait nous guider pour penser le monde.

NI DIEU NI MAITRE
Daniel Guérin
Ni Dieu ni Maître est une histoire de l'anarchisme. Cette édition est la réédition d'un grand classique sur le sujet, paru aux éditions Maspero en 1970. Deux tomes sont consacrés à l'élaboration d'un panorama complet des penseurs de ce mouvement intellectuel et politique en présentant et en mettant en perspective de nombreux textes. Cette anthologie permet aussi d'évacuer une idée reçue, penser l'anarchisme comme une idéologie individualiste, réfractaire à toute forme d'organisation. Ce premier tome expose les fondements théoriques de l'anarchisme et les anarchistes du 19e siècle à travers les écrits de Stirner, Proudhon, Bakounine, Guillaume et Kropotkine. Le second volume est plus historique, il s'intéresse aux figures de Malatesta, Henry, Pelloutier, Voline, Makhno, Durruti et met en évidence la participation des anarchistes pendant la révolution russe et la guerre d'Espagne.

Hacker Protester
Geoffrey Dorne
Hong-Kong, France, Biélorussie, Kazakhstan, Thaïlande, Ukraine... en 2022, le monde a changé, l’activisme aussi. Le citoyen hacker ne protège plus uniquement son environnement mais l’Environnement, la Liberté et la Démocratie.
Hacker Protester est un guide pratique qui étudie au travers le monde, 100 outils de lutte citoyenne. Bricolés, détournés, hackés, ces armes d’auto-défense sont au service de la justice sociale et environnementale du XXIe siècle.

L'ANTI-FASCISME
Mark Bray
Un inquiétant bruit de bottes résonne à nouveau partout en Europe et en Amérique, marquant la fin d'une période de latence que d'aucuns ont interprétée comme une victoire contre le fascisme. Héritiers de la résistance contre Mussolini et Hitler pendant les années 1920 et 1930, les antifascistes, eux, n'ont jamais baissé la garde et ont bâti une longue tradition de lutte contre l'extrême droite que chacun d'entre nous gagnerait à mieux connaître aujourd'hui.
Dans cette captivante enquête, Mark Bray donne un aperçu unique de l'intérieur de ce mouvement et écrit une histoire transnationale de l'antifascisme depuis la Seconde Guerre mondiale. Rédigé à partir d'entretiens menés avec des antifascistes du monde entier, L'antifascisme. Son présent, son passé et son avenir dresse la liste des tactiques adoptées par le mouvement et en analyse la philosophie. Il en résulte un éclairant portrait de cette résistance méconnue, souvent mythifiée, qui lutte sans relâche contre le péril brun.

Les black blocks
Francis dupui-déri
Apparue à Berlin-Ouest au début des années 1980, fréquemment employée après le Sommet de l'OMC à Seattle en 1999, la tactique du black bloc connaît un nouvel essor depuis 2010. Des black blocs ont pris la rue lors des manifestations contre le G20 à Toronto, lors du Printemps arabe, pendant le mouvement Occupy et celui des Indignés, lors des récentes grèves étudiantes au Québec, de la campagne contre la vie chère au Brésil, etc. Cagoulés, vêtus de noir, et s'attaquant souvent aux symboles du capitalisme et de l'Etat, les black blocs sont présentés par les voix dominantes au mieux comme des "casseurs" apolitiques s'adonnant à la destruction par pure jouissance du chaos, au pire comme de dangereux "terroristes". Ce livre, paru pour la première fois en 2003 et dont la présente édition offre une mise à jour, sera utile à qui veut comprendre l'origine de ce phénomène, sa dynamique et ses objectifs. Alliant observations de terrain, entretiens avec des militants et réflexion éthique et politique, Francis Dupuis-Déri inscrit les black blocs dans la tradition anarchiste de l'action directe.